Interview

Amandine Cotteaux, naturopathe-entrepreneure passionnée

« Beaucoup feront des études de naturopathie, peu deviendront naturopathes. Je pourrais vous lister d’innombrables raisons, je vais m’en tenir à une seule : être naturopathe, ce n’est pas qu’être thérapeute, c’est également être entrepreneur. »

C’est notamment cette phrase, tirée de l’article Les 10 commandements du naturopathe-entrepreneur, qui m’a donné envie d’interviewer son auteure, Amandine Cotteaux, naturopathe à Aix-en-Provence, qui développe ses activités avec passion, en suivant son cœur, tout en gardant un certain état  d’esprit entrepreneurial. Un bel exemple inspirant !
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1. Est-ce que tu peux me rappeler ton parcours avant d’être naturopathe et ce qui t’a amenée à cette reconversion ?
Il y a 4 ans, je travaillais sur Paris, dans des bureaux à La Défense, j’étais chef de projet informatique. Ce poste m’a amenée à me poser des questions sur l’utilisation des technologies et l’impact qu’elles pouvaient avoir sur notre santé. Au fur et à mesure, je me suis dirigée vers ces problématiques de santé et ce que devenait notre Terre. Je suis partie faire du Wwoofing pour m’y reconnecter. Pendant ces expériences, j’ai rencontré des personnes qui étaient parties en Inde et sur un coup de tête j’ai fait pareil.
Là-bas, j’ai découvert la médecine ayurvédique indienne, ça m’a vraiment touchée de voir à quel point il était possible de soigner de cette manière-là : un médecin ayurvédique peut voir, en observant la personne, ce qui ne va pas dans le corps. J’ai eu la chance de suivre des consultations car je faisais les traductions dans un hôpital pour les étrangers qui venaient. Pendant cette période-là, je passais beaucoup de temps à méditer, j’ai aussi fait une cure Panchakarma (cure pour détoxifier le corps), et c’est de cette façon que je me suis vraiment reconnectée à Moi et à mon Corps. J’ai aussi fait un mois de Yoga thérapeutique et j’ai décidé par la suite de me former au Yoga.
Ensuite, je suis partie au Pérou où j’ai découvert la médecine des Andes et l’utilisation des plantes médicinales. Tout ce parcours-là a été une grande révélation et j’ai trouvé beaucoup de réponses.
En rentrant en France, j’ai décidé de faire une école de Naturopathie.  Après l’école, je suis repartie habiter chez mes parents en Picardie qui m’ont prêté leur véranda pour que je monte mon cabinet, et là j’ai commencé à recevoir en consultation. 

2. Tu es spécialisée en naturo-périnatalité, en gestion naturelle de la fertilité et sur toutes les questions liées au féminin. Est-ce que tu as cette spécialisation depuis le début ? Comment est-elle venue ? 
Je n’ai pas fait de choix stratégique. En école de naturopathie, j’ai fait mon mémoire sur la contraception naturelle (symptothermie). J’ai beaucoup creusé ce sujet du féminin à travers mon mémoire, des formations (conseillère symptothermie, animation de cercle de femmes), j’ai participé à des cercles de femmes, des festivals sur le féminin, des thérapies pour moi-même travailler dessus. J’ai vécu aussi en colocation avec une amie naturopathe qui souffrait d’endométriose ; c’est avec elle que j’ai monté le stage Les Belles et l’Endométriose. Nous nous sommes beaucoup questionnées sur le féminin et l’avons beaucoup étudié.  
J’avais vraiment besoin dans le déploiement de mon métier d’aller vers quelque chose de spécifique, sur des sujets que je maitrise, sur lesquels je me sens en confiance et sur lesquels je sens que j’ai quelque chose de fort à apporter, de par mon expérience, ce que j’ai appris et ce qu’on m’a transmis. 
Je reste ouverte à d’autres sujets comme le jeûne par exemple, qui me passionne. En même temps, je réalise que tout cela est lié. Le jeûne est par exemple super en préconception pour détoxifier le corps avant d’avoir un enfant. 

3. Est-ce que tu conseillerais aux naturopathes, qui sont en train de se lancer, de se spécialiser ? 
Il faut faire les choses comme elles viennent à nous, et faire ce pour quoi on est fait.  Il y a des personnes qui ressentent le besoin de se spécialiser alors que d’autres se diront qu’ils seront meilleurs en étant généralistes. Donc, chacun son choix, sa place, chacun son chemin.
C’est intéressant de regarder les personnes qui nous inspirent et de comprendre ce qui nous touche particulièrement chez elles. Si cela nous touche, c’est que cela réveille quelque chose qui est déjà en nous et c’est « ça » qu’il faut faire vivre.  

4. Comment as-tu trouvé tes premiers clients ?
Alors pour information, dans la région dans laquelle j’ai démarré, le mot naturopathe n’est pas ou peu connu. Pour commencer, il a fallu faire connaitre la naturopathie et faire un travail important de sensibilisation.  
Pour cela, j’ai co-créé avec ma sœur Cocoon & Papillon. C‘est une association à travers laquelle nous avons organisé beaucoup d’ateliers autour de l’écologie intérieure et extérieure (le domaine de ma sœur).
J’ai organisé aussi des ateliers de découverte de la naturopathie, des projections et débats, des chroniques radios dans une radio locale. J’ai également fait un « one-woman show thérapeutique » qui s’appelle Génial, j’ai mes règles pour sensibiliser un public plus large (à la fois les ados et les hommes) au cycle féminin.


5. Est-ce que toutes ces initiatives sont venues de toi ? Est-ce que c’est toi par exemple qui a contacté la radio ?
Oui ! À chaque fois, on me dit : « toi tu as de la chance », mais pour moi, ce n’est pas une question de chance, mais c’est du travail et de l’audace ! Pour les chroniques radios, je les ai contactées et j’ai été force de proposition en leur expliquant ce que je pouvais faire. Et ils ont dit oui directement !
Ma philosophie, c’est de faire et tant pis si on se plante, l’essentiel étant d’être dans l’action ; mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas peur ! J’ai souvent peur, j’écoute mes peurs et après je les mets au placard. Je me dis que la vie c’est un peu un jeu et il faut s’amuser avec.  
Ma stratégie pour ne pas me trouver des excuses est de parler à tout le monde de mon idée pour faire en sorte qu’une fois annoncée, je ne puisse plus trop reculer.
Pour ma chaîne YouTube par exemple, j’ai un mis un post sur les réseaux sociaux en me disant que ça m’engagerait à le faire. C’est une forme d’engagement envers soi, mais c’est aussi une loi de l’attraction. Et c’est également une ouverture vers des opportunités et des partenariats.  
Il ne faut pas avoir peur non plus de se faire « piquer » ses idées. J’ai appris, quand j’étais dans une école de startupers (The Family), que ce qui est important ce n’est pas l’idée, mais l’exécution et ce que l’on va en faire.

6. Est-ce que toutes tes initiatives t’ont permis de développer les consultations individuelles ? 
Cela m’a aidé oui, mais ensuite j’ai été très occupée sur d’autres projets conséquents, comme le film « Le Jeûne », sur lequel j’ai travaillé. J’ai aussi beaucoup déménagé. Ce n’est donc pas quelque chose que j’ai vraiment cherché à développer, je faisais des consultations lorsqu’on me le demandait.
Le but de mon récent déménagement à Aix-en-Provence, c’était justement de remettre en place des consultations, et que cela soit beaucoup plus régulier, car c’est vraiment ce que j’aime faire et ce qui me nourrit.

7. Comment se passe ton installation à Aix justement ?
Je suis venue habiter à Aix sur un coup de tête et en suivant mon instinct, mais du coup, sans savoir qu’il y avait énormément de naturopathes dans la région.
Cela fait deux mois que je suis là, et j’ai mon cabinet depuis la semaine dernière. Pour le moment, je suis en phase de déploiement et j’ai envie que cela puisse se faire facilement.  Jusqu’à présent, tout ce que j’ai réalisé, je l’ai réalisé en y mettant beaucoup d’énergie, en étant majoritairement seule, même si j’ai été aidée bien entendu.
Maintenant, j’ai envie d’être entourée et que cela soit plus simple, plus fluide et que ça coule. Je passe énormément de temps sur toute la partie gestion administrative, gestion de la communication mais pas suffisamment sur la naturopathie, et j’ai besoin de consacrer moins de temps sur ces questions-là. C’est donc pour cette raison que j’ai décidé de me faire accompagner et de rentrer dans une couveuse d’entreprise.

8. De quelle manière es-tu accompagnée dans cette couveuse ?

Je suis coachée, puis il y a aussi des ateliers, des cercles d’entrepreneurs. Nous sommes également accompagnés sur la partie comptabilité et sur l’administratif.

J’avais rendez-vous hier avec la personne qui me coache ; elle m’a demandé qui était mon client idéal.  J’ai trouvé cette question géniale, cela me renvoie à une autre question  : « comment je peux aider au mieux ? ». J’aime bien que l’on me fasse me poser ce genre de question, cela m’aide à définir quels sont les meilleurs services possibles que je peux offrir aux personnes qui viennent me consulter. Et pour cela, il faut aussi que ces personnes me correspondent car il y a souvent des effets miroirs. Personnellement, quand je fais une thérapie, je choisis un thérapeute, pas une technique.  

La personne qui m’accompagne me demande de travailler aussi sur ce qui me fait vraiment vibrer de l’intérieur et de quelles manières je peux le proposer concrètement aux autres. Elle m’a conseillée de regarder la vidéo de Simon Sinek, « Start With Why ». Pour moi, cela est important de m’inscrire à la fois dans cette démarche entrepreneuriale et de développement personnel pour offrir le meilleur.


9. Et alors, est-ce que tu as la réponse à la question « Qui est ton client idéal ? ». C’est une question que je pose également à mes clients.
Je n’ai pas encore eu le temps de me poser sur la question. Si devais te répondre, comme ça, sur le vif, je dirais que c’est quelqu’un qui a une envie profonde d’évolution spirituelle et d’amener de la lumière et quelque chose de juste. C’est une personne qui ne se focalise pas sur sa maladie et ses maux, mais qui se concentre sur ce qu’elle a de meilleur à donner à elle-même et aux autres.

10. Que vas-tu mettre en place pour développer tes consultations à Aix ?
Dans un premier temps, j’ai envie de mettre en place des ateliers autour du féminin (le premier sera autour de la découverte de la contraception naturelle) et j’aimerais faire des partenariats avec des espaces à Aix qui accueillent ce type d’évènement.
Je distribue aussi mes cartes de visite, je rencontre du monde, je parle beaucoup de mes activités.
Je vais devoir aussi mettre à jour mon référencement pour être visible dans les premières pages lorsque l’on saisit les mots  « naturopathe Aix-en-Provence », car aujourd’hui je suis en quelque sorte invisible.

11. Comment t’y prends-tu pour « parler » de ce que tu fais, rencontrer du monde ? C’est l’une des meilleures communications selon moi, mais pas évident à faire pour certains.
Pour moi, c’est assez simple car je suis vraiment passionnée et j’aime vraiment parler de ce que je fais, de mes projets et de naturopathie.
À The Family, l’école de startupers, j’ai appris à pitcher des projets et à expliquer en 5 minutes ce que je fais (quoi, comment, pour qui, quels bénéfices). En naturopathie, je n’ai jamais travaillé mon pitch, mais je me rends compte que je le fais naturellement. Cela permet de répondre rapidement aux questions que se posent les gens et susciter un intérêt.
Je participe aussi à des rencontres organisées par des réseaux de femmes entrepreneurs, j’assiste à des conférences. Je vais aussi contacter une clinique spécialisée en endométriose à Aix.
En fait, il n’y a rien de défini sur la manière dont je contacte les gens, je saisis au fur et mesure les occasions et opportunités que la vie m’envoie. Le contact est assez simple et inné pour moi, je ne suis pas dans une démarche commerciale.

12. Côté communication, qu’est-ce qui fonctionne bien pour toi et pourquoi ? 
Facebookj’ai une communauté qui interagit beaucoup. Mes publications déclenchent des opportunités pour des projets, des partenariats mais aussi des consultations. Facebook est vraiment mon premier vecteur pour avoir des consultations. 
Je ne sais pas trop pourquoi cela marche si bien car je n’ai jamais analysé ma communication sur Facebook.
Je l’utilise comme un outil de communication mais aussi comme un outil de témoignage de qui je suis et de ce que je vis. C’est très important pour moi de ne pas me positionner dans le rôle du thérapeute qui est « au-dessus », qui a tout compris. Je veux que les personnes avec lesquelles je travaille comprennent mes fragilités pour mieux comprendre les leurs. Les personnes les plus inspirantes pour moi sont celles qui mettent des choses en place, mais qui laissent transparaitre aussi leur vulnérabilité. Je partage donc mon humanité, ce n’est pas parce je suis naturopathe, que j’ai tout compris à la vie, bien au contraire.
 

13. Et qu’est-ce qui n’a pas fonctionné comme tu le souhaitais niveau communication ?  
La communication sur mon projet Les Belles et l’Endométriose a été difficile. Communiquer sur une pathologie, ce n’est pas évident déjà, et puis c’est un sujet tabou sur lequel on est souvent censuré. Sur Facebook, par exemple, nous avons eu des difficultés à faire des pubs sur l’endométriose.
Pour ce même projet, j’ai été déçue par le manque d’impact de la distribution de flyers. Cela dit, mon partage d’expérience est à remettre dans son contexte car j’ai changé 3 fois de région en 1 an et demi, je ne suis pas un exemple sur le déploiement local.
Une activité de thérapeute s’inscrit sur le long terme, on dit qu’il faut 3 ans pour la mettre en place et bien s’installer.

14. Est-ce-que tu peux me parler de la chaine YouTube que tu es en train de lancer ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire des vidéos ?

Il y a un an, j’ai travaillé sur la construction d’une chaîne YouTube qui s’appelle Faut qu’ça sorte !, j’ai participé aux 2 premières vidéos. J’ai aussi fait d’autres collaborations vidéos, par exemple avec Ophélie qui a la chaîne Ta Mère Nature.

Ce sont toutes ces expériences plus celles que j’ai eu sur le film « Le Jeûne » qui m’ont appris et donné envie de lancer ma propre chaîne YouTube : Naturopathie au féminin.  Je ne suis pas encore calée en vidéo mais j’ai décidé de commencer en bricolant et en faisant ce que je sais faire.

J’ai monté ma première vidéo, j’interview une sage-femme sur la gestion de la douleur pendant l’accouchement pour redonner confiance aux femmes et changer l’idée que l’on a de l’accouchement.

 Sur cette chaîne, j’ai envie de parler de sujet autour du féminin. J’ai la croyance profonde que le déséquilibre sur cette terre est lié à un masculin trop empreint de valeurs productivistes ; il faut remettre plus de douceur, de vulnérabilité et de féminité dans les valeurs masculines. 

15. Est-ce que tu vas faire seulement des formats interview ou as-tu d’autres idées et envies ? 
La chaîne va se construire avec le temps. J’ai déjà des idées, mais le concept peut évoluer parce que moi-même j’ai l’impression d’évoluer tout le temps. C’est difficile pour moi de définir les choses en amont car je suis beaucoup le cours de la vie. Pour le moment, je pars sur des tutos et des interviews.
Je voulais aussi utiliser cette chaine pour développer ma part créative, qui est aussi pour moi une part féminine. En ce moment, j’écris des textes, je me filme dans certaines situations ; il en sort des réflexions souvent thérapeutiques qui me permettent d’avancer sur mon chemin. J’ai vraiment envie de travailler avec le cœur et de choisir mes sujets de cette manière.

16. Si tu devais donner un conseil à des entrepreneurs du bien-être ?
Je dirais qu’il est important de ne pas oublier QUI l’on est, et de toujours se poser la question : « pourquoi je fais ces choses-là ?  » Il est important de revenir régulièrement au fondement de ce qui nous fait vibrer. Il n’y a que lorsque l’on est dans cette énergie là que les choses se passent de manière fluide. C’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur et auquel je pense tous les jours.  
Il faut être aussi vigilant à ne pas s’enfermer dans le personnage du thérapeute/gourou spirituel qui sait tout, fait tout bien et veut imposer des vérités au gens. Il faut rester vrai au maximum, se connecter à qui on est vraiment pour rester dans son rôle d’accompagnant.

17. Est-ce qu’il y a une phrase/mantra/citation que tu aimes particulièrement et qui te porte au quotidien ? 
Ça serait pour moi une phrase que ma sœur m’a dite il y a quelques années : « La vie est un jeu ». Je me la répète souvent même quand je suis dans des périodes difficiles. Ça me porte au quotidien. Les obstacles sont là pour nous faire avancer sur notre chemin. Cette phrase me fait relativiser et lâcher prise.

18. Quels sont tes projets du moment ?
Je démarre des formations en aromathérapie dans toute la région PACA.
À côté cela, je vais être prof à Vitali Formation, une école de naturopathie à partir de septembre 2019 pour un cours sur la naturopathie au féminin. On va même démarrer ce module avant septembre car nous avons déjà eu des demandes ! C’est une école qui est essentiellement en ligne avec des ateliers pratiques en présentiel.
Sinon, je suis en train de monter des séjours de naturopathie au féminin. Ce sont des séjours que je vais organiser avec Clairière & Canopée, un organisme qui organise des séjours de jeûne. Et avec eux, à partir de novembre 2019, je vais encadrer un séjour de jeûne dans les Alpilles.