Interview

Adeline Anger, celle qui quitta Insta

Adeline Anger est hypnothérapeute à Lyon. Nous nous sommes rencontrées au cours du programme en ligne "Développer son activité de thérapeute" que j'animais en fin d'année 2019. 
J'ai tout de suite aimé son énergie puis ses premières publications (et toutes les suivantes !) lorsqu'elle s'est lancée dans l'arène des réseaux sociaux ! 

Un beau jour, elle a annoncé qu'Instagram et elle, c'était de l'histoire ancienne, et qu'elle lui préférait, pour le moment, son pote Facebook (un compte perso, et même pas une page !). Une décision que je salue, non pas que je n'aime pas Instagram, mais plutôt parce qu'elle a écouté ce qui était juste pour elle et a osé aller à contre-courant.

Vous en saurez plus sur les dessous et conséquences de cette histoire - inspirante - de coeur dans l'interview ci-dessous ! 

Bonne lecture ! Et merci Adeline pour ta contribution ! 
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1.Bonjour Adeline ! Peux-tu m’en dire un peu plus sur ton parcours et ce qui t’a amenée à cette reconversion ? 

Bonjour Julia ! Par où commencer ?

Il m’a fallu 2 ans de réflexion pour quitter mon poste de consultante en hôtellerie à la Défense et me lancer dans la thérapie à Lyon. Jusqu’alors, j’avais un parcours plutôt classique et linéaire.

Après le lycée, on me souffle « fais de longues études et tout ira bien ». Je suis une élève studieuse, disciplinée. Par défaut, je choisis de suivre des études d’anglais à la fac. Je m’épanouis tièdement dans ce cursus de 3 ans. Je n’aime pas lire des pavés en vieil anglais, ni étudier l’Histoire de l’Angleterre. En revanche, j’adore les cours de linguistique pure, de phonétique, de grammaire. Je suis déjà attirée par les mots, les sons, le langage, le pouvoir fascinant qu’il a sur les humains. 

Je laisse cela de côté car… il faut gagner sa vie ! Et mes études de fac, très littéraires, ne permettent pas d’être recrutée facilement. Je m’embarque donc dans un Master en Marketing Touristique. Mes premières missions sont dans le domaine commercial, dans des groupes hôteliers. Ma carrière se déroule sans accroc particulier.

C’est ma vie personnelle et des épreuves d’une dureté sans nom qui me poussent à commencer un travail sur moi.

Pendant près de 10 ans, j’explore lectures, podcasts et conférences autour du développement personnel. Je rencontre plusieurs thérapeutes. Peu à peu, je deviens « incollable » auprès de mes amis sur tout un tas de thérapies. Les outils que je m’approprie véritablement sont la méditation et la visualisation.

Au fil de mes explorations, je tombe sur l’hypnose ericksonienne. Cette approche chirurgicale et directe de la thérapie me plaît. En 2019, en parallèle de mon travail, je décide de m’y former.

Je commence à rêver d’accompagner des personnes par la suite, d’avoir une mission qui a plus de sens pour moi et pour le Monde. Je résiste quelques mois, tiraillée entre mon désir de changement et ma peur de l’inconnu puis je finis par quitter mon entreprise à Paris pour démarrer mon activité de thérapeute à Lyon. 

  • CE QUI ME FAIT VIBRER, C’EST D’ACCOMPAGNER LES GENS À INCARNER LEUR VIE SANS RETENUE, À EXPRIMER LEUR SINGULARITÉ, À SE CRÉER UNE VIE SUR MESURE, EN COHÉRENCE AVEC LEURS VALEURS

2. Depuis quand es-tu lancée et où pratiques-tu ? Est-ce qu’il y a des thématiques / « problématiques clients » qui te font vibrer plus que d’autres ?

J’ai lancé mon activité il y a 6 mois à Lyon, peu de temps avant l’arrivée du Coronavirus. Autant te dire que le confinement mis en place peu de temps après a chamboulé tous mes plans ! J’aurais pu le vivre comme un coup dur mais ça a été l’occasion pour moi de proposer un accompagnement en ligne.

Ce qui me fait vibrer, c’est d’accompagner les gens à incarner leur vie sans retenue, à exprimer leur singularité, à se créer une vie sur mesure, en cohérence avec leurs valeurs. C’est un chemin audacieux et difficile que j’emprunte moi-même, en toute humilité.

J’aime accompagner les femmes qui se sentent bloquées dans leur vie amoureuse. C’est une problématique qui est naturellement venue à moi à plusieurs reprises. J’ai croisé des femmes célibataires qui ont mis de côté leur vie amoureuse. Elles me disent « je suis heureuse en étant célibataire mais…. ». Et c’est derrière ce silence que se cachent les peurs, les doutes, les ombres, tout ce qu’elles n’osent pas s’avouer. C’est ce que j’aime explorer.

Je crois que les femmes ont besoin de s’affirmer et de briller fort pour attirer à elles les personnes qui vont soutenir leur vie et leurs projets. J’aime les guider sur ce chemin. Je crois qu’il n’y a rien à faire pour être aimée. Il est plutôt nécessaire de déconstruire tout ce qu’elles pensent être ou devoir être pour être aimées. La thérapie n’est rien d’autre qu’un retour à l’essence de qui elles sont. 

3. Est-ce que tu peux nous faire une petite rétrospective de ce que tu as mis en place pour lancer et développer ton activité ?

J’ai commencé par développer mon activité de manière classique, en contactant les prescripteurs de ma région. J’ai très peu de réseau à Lyon. J’y suis installée depuis septembre 2019. Je commence donc de 0 !

Mon avantage, c’est que j’ai travaillé 10 ans dans le domaine commercial. Donc, je suis à l’aise pour parler de mon activité et créer du lien avec les personnes que je rencontre. J’ai ainsi pu échanger avec plusieurs prescripteurs, qui m’ont envoyé des clients par la suite.

Avec le confinement, je me suis concentrée sur le développement de mon activité en ligne, en postant davantage sur les réseaux sociaux et en me rendant visible auprès de mes clients potentiels.

Ce confinement a été une période de réflexion pour moi. Je n’étais pas certaine de vouloir proposer un accompagnement en ligne. Je me suis toujours vue comme une « femme de terrain », préférant les rencontres en chair et en os. Finalement, proposer un accompagnement en ligne ouvre d’autres portes et cela me plaît. J’ai pu tester une autre manière de travailler.

Néanmoins, je ne pourrais pas me satisfaire de rencontres virtuelles uniquement. J’ai besoin d’un équilibre entre rencontres virtuelles et rencontres « incarnées »

 

 

  • MON PLUS GRAND DÉFI A ÉTÉ DE « SORTIR DU BOIS » ET M’EXPRIMER SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX. AUJOURD’HUI, JE RIS DE MES PEURS CAR CELA FAIS PLUSIEURS MOIS QUE JE PARTAGE MES ÉCRITS ET J’AI RÉALISÉ QUE NON, LE MONDE DE S’ÉTAIT PAS ARRÊTÉ DE TOURNER DEPUIS QUE JE PUBLIAIS.

4. Parmi toute ces actions, est-ce qu’il y en a qui ont été pour toi plus challengeantes que d’autres ? Si oui qu’as-tu fait ou mis en place pour relever ces challenges ?

Sans conteste, mon plus grand défi a été de « sortir du bois » et m’exprimer sur les réseaux sociaux.

Lorsque j’ai commencé à imaginer la possibilité-hypothétique d’écrire publiquement, j’ai eu peur du jugement des autres. Qu’allait-on penser de la cadre corporate qui se lance en hypnose ? Je suis restée bloquée de nombreuses semaines.

C’est une peur naturelle que j’ai traversée, en postant petit à petit. La confiance en soi se conquiert dans l’expérience et en se confrontant à la réalité. J’ai eu peur mais je l’ai fait !

Écrire sur les réseaux est pour moi une occasion fantastique de communiquer de manière authentique. C’est un jeu que j’adore car il permet de créer un impact, de faire réagir, d’influencer… Je me livre dans mes écrits, même s’il n’est pas toujours facile de se dévoiler.

Aujourd’hui, je ris de mes peurs car cela fait plusieurs mois que je partage mes écrits et j’ai réalisé que non, le Monde ne s’était pas arrêté de tourner depuis que je publiais

  • MON PLUS GRAND DÉFI, C'EST D'OUTREPASSER LES "RÈGLES" EN COMMUNICATION....ET DE CONSTRUIRE MES PROPRES RÈGLES. CES RÈGLES-LÀ, ON NE LES TROUVE QU'EN REGARDANT À L'INTÉRIEUR DE SOI.


5. Est-ce que tu rencontres ou rencontré un challenge ou défi particulier concernant ta communication ?

Mon plus gros défi, c’est d’outrepasser les  « règles » en communication. Quand tu lances ton activité, tu entends tout un tas de conseils… Tu regardes ce que les uns et les autres font. C’est très inspirant mais c’est un moment où on peut se perdre et ne pas savoir où donner de la tête !

Mon défi, c’est de construire mes propres règles et de communiquer d’une manière qui soit écologique pour moi tout en impactant les personnes qui me lisent. Ces règles-là, on ne les trouve qu’en regardant à l’intérieur de soi.

  • C'EST LORSQUE JE M'AFFIRME DANS MON STYLE DE COMMUNICATION QUE JE CRÉÉ LE PLUS D'IMPACT !


6. Toujours parmi ce qui a déjà mis en place, quelles sont les actions qui ont porté leurs fruits ou ont eu un impact ?

J’ai reçu beaucoup de réactions suite à mes posts sur Facebook. 

En réalité, peu importe le canal de communication – Facebook, bouche-à-oreille – c’est mon identité qui crée le plus d’impact.

Ma communication me permet de faire rayonner qui je suis, mon approche, ma vision du monde, mes valeurs et c’est ainsi que j’attire mes clients. Ils se reconnaissent en moi et je me reconnais en eux.

La thérapie est avant tout une rencontre humaine où 2 personnes se choisissent, comme dans toute rencontre professionnelle, amoureuse ou amicale. C’est lorsque je m’affirme dans mon style de communication que je crée le plus d’impact.

 

  • PARTAGER MES HISTOIRES ME PERMET DE CRÉER UNE CONNEXION AVEC LES PERSONNES QUI ME LISENT.


7. Dès ton lancement tu as commencé à beaucoup écrire et raconter de belles histoires (articles de blogs, post Facebook / Instagram). Qu’est-ce qui a motivé le choix de ce moyen d’expression ?

J’avais cette envie d’écrire et de m’exprimer depuis longtemps, mais j’avais appris à me taire. Il y avait des injonctions dans ma tête : « Ne dérange pas. Reste cachée. Sois sage. Ne fais pas de vague ! ».

Maintenant, lorsque j’écris et que je partage mes histoires, je me sens puissante car je diffuse mon message. Je porte haut mes valeurs et ce en quoi je crois. Je donne aussi du pouvoir aux personnes qui me lisent, en leur murmurant « tu es l’acteur de ta vie, rappelle-toi ». Partager mes histoires me permet de créer une connexion avec les personnes qui me lisent.

Ensuite, je dois avouer que j’aime les mots. J’aime prendre le temps de les choisir, de les ordonner, de les peser. J’aime aussi le caractère intimiste de l’écrit. J’aime qu’il laisse la place à l’imaginaire. Chacun captera ce qu’il veut de mes histoires. Chacun prendra ce dont il a besoin. C’est dans ce même esprit que je conçois mon accompagnement. 

  • J'AI DÉCIDÉ DE SIMPLIFIER. J'AI CHOISI LE RÉSEAU OÙ JE ME SENTAIS LE PLUS À L'AISE ET LE PLUS EFFICACE : FACEBOOK.


8. Après avoir commencé à communiquer sur ton activité sur Instagram (entre autres), tu as finalement décidé de quitter ce réseau (à titre pro) et te concentrer sur Facebook. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? 

Je sentais que mon énergie se dilapidait entre Facebook et Instagram. Un post écrit par ici, un autre par là… des commentaires et des messages à gérer sur les 2 plateformes… Les stories, les visuels et les polices à choisir…  À titre personnel, je ne postais jamais sur les réseaux sociaux et j’avais sous-estimé le temps qu’on pouvait y passer pour créer du contenu !   

Je me sentais éparpillée. Communiquer sur les réseaux me prenait plus de temps que ce que je souhaitais. Ma priorité était aussi d’affiner ma pratique en thérapie et au lieu de ça, je sentais que tout mon temps passait dans ma communication.

J’ai donc décidé de simplifier. J’ai choisi le réseau où je me sentais le plus à l’aise et le plus efficace : Facebook. Je communique sur mon compte personnel et j’interagis avec mes clients de cet endroit unique (et par mail).

  • LA QUALITÉ DE MA COMMUNICATION A DONC FAIT UN BOND. J'AI POSTÉ PLUS FREQUEMMENT ET CELA A DÉCLENCHÉ DES INTERACTIONS.


9. Est-ce que tu peux déjà mesurer l’impact que cela a pour toi personnellement et aussi auprès des personnes qui te lisent ?

Fatalement, ce choix de communication me permet de gagner du temps au quotidien. Je me sens davantage centrée sur ce qui est essentiel pour moi : porter haut mon message, échanger avec ma communauté en leur apportant de la valeur et créer un impact.

La qualité de ma communication a donc fait un bond. J’ai posté plus fréquemment et cela a déclenché des interactions.

J’ai pu faire connaissance avec mes clients potentiels, mieux cerner leurs besoins et affiner mon message. J’ai gagné en confiance.

Je sens qu’il y a une intimité qui se crée avec les personnes qui me lisent. Certains me disent même attendre mon prochain post avec impatience. Je ne m’attendais pas à ça !

  • N'AIES PAS PEUR D'AVOIR PEUR ET SAUTE DANS LE VIDE.


10. Si tu devais donner un conseil à un thérapeute / praticien qui est sur le point de se lancer, qu’est-ce que tu lui dirais ?

Ais les pieds sur Terre et la tête dans les nuages. C’est vraiment l’équilibre entre les deux qui va te faire aller où tu veux. Trouve ce chemin pour que tes rêves s’ancrent dans la matière. Explore, échoue vite, recommence différemment et fais-toi confiance. N’aies pas peur d’avoir peur et saute dans le vide. Reste dans le mouvement. Danse et ris souvent.


11. Quels sont tes projets pour les mois à venir ?

J’envisage de créer un podcast. J’aime l’intimité et l’idée d’être une voix qui ouvre une porte sur l’imaginaire.

Je suis en train d’affiner mon accompagnement également. L’hypnose est un outil super puissant et je compte l’intégrer à d’autres outils. Je souhaite insuffler tous mes talents dans mon accompagnement. Pour aller vers toujours plus d’exploration, de créativité, d’imaginaire, d’intuition… J’ajuste mon accompagnement au fil de mes rencontres, de mes analyses et de mes observations.

Tu l’auras compris, je suis plutôt minimaliste ! En résumé : je vais me concentrer sur ce que je sais faire et le faire encore mieux pour amener plus de transformation à mes clients.


12. Est-ce que tu as une citation ou mantra qui te porte au quotidien ?

« Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse » Nelson Mandela